Ce dimanche, nous organisons une journée aux petits soins à Mains d’Œuvres. De midi à 20 heures, vous pourrez écouter de la bossa et multitude de funk, le tout en dessinant à nos ateliers, en chinant quelques habits amenés pour l’occasion ou encore en buvant tout simplement une bière. Les friands de hasard pourront troquer un ticket de tombola contre une petite somme, nous nous chargerons de garnir les lots en échange. En attendant, on souhaitait vous raconter l’histoire de Mains d’Œuvres, parce que c’est une belle histoire tout simplement.
Mains d’Œuvres et garnitures de freins
Sous peine de dépasser l’effervescence des puces de Saint-Ouen, on saisit sans assurance l’architecture de Mains d’Œuvres quand on y entre. L’escalier carrelé fait penser à une patinoire, d’autres recoins seraient ceux d’antiques vestiaires, la cantine un club house amélioré. Que s’est-il passé ici avant qu’on puisse y voir des expositions, de la danse et des concerts ? Qu’est-ce que Mains d’Œuvres ?
En 1923, Eugène Buisson crée Ferodo à Saint-Ouen, une société de production de garnitures de freins et d’embrayages sous licence d’une société anglaise. Comme ça se passe souvent dans le milieu, Eugène et ses successeurs ont construit, acquis, fusionné, internalisé, absorbé… etc pour finalement devenir un énorme truc : Valeo, numéro 1 du dépôt de brevets en France en 2016, grand équipementier automobile.
… et échappatoires au travail
Or, fut un temps où aux CE qui offrent des remises de 2 euros sur les billets de cinéma on préférait des constructions bien en chaire. Mains d’Œuvres est de ces lieux : un centre social et sportif de 4 000 mètres carrés à proximité des usines de la société.
Ce dernier avait été créé en 1959 pour les employés ainsi que les retraités de Ferodo. Dans la plaquette datant de 1961, on voit qu’il s’agit de mettre à disposition des équipements sportifs (cours de tennis par exemple), des installations culturelles ou encore un self-service où manger dans la convivialité. Ces mêmes endroits qui aujourd’hui encore existent. Le but était déjà là : « créer des moyens de culture et d’évasion » afin de donner aux travailleurs une vie en dehors des machines.
Surtout, participant aux idéaux architecturaux véhiculés par certains patrons (cf. le familistère de Guise construit par Jean-Baptiste André Godin), le bâtiment était pensé pour être le plus agréable possible. Une conception moderne du confort y rayonnait : le silence, l’air pur, la lumière et la couleur devaient faire oublier la dure réalité du travail aux ouvriers venus se changer les idées.
… et expériences créatives
Qu’en est-il de ce lieu aujourd’hui ? Le Centre perdure et fait partie de ces endroits qui ont été intelligemment reconvertis. Association loi 1901 née en 1988, Mains d’Œuvres a d’abord évolué dans l’ombre en accueillant en son sein des associations artistiques ou autres. L’idée était d’accompagner des projets en leur prêtant un toit bienveillant.
Plutôt que de changer les objectifs du lieu – divertir la main d’œuvre de l’usine – il s’est agi de diversifier les moyens utilisés pour parvenir à cette noble fin. En janvier 2001 le lieu s’est ouvert au public afin de lui présenter les gens qui peuplaient ses murs. Dès lors ont fleuri les événements auxquels nous pouvons aujourd’hui participer.
En 2016, L’Escamoteur avait pu profiter de l’accueil de Mains d’Œuvres pour organiser une tombola pendant la treizième édition du MOFO, un festival de musique indépendante. Ce festival reconnu par ses pairs est une goutte d’eau dans l’océan des activités que propose le lieu, nous vous invitons donc à regarder leur programmation sur le site de l’association.
C’est sans doute maintenant qu’il faut le préciser : « Je vais bien », voilà ce que veut dire Valeo en latin.
Signature et crédits :
Le texte : Nils Savoye
Le visuel : Luce Terrason (son site).
Vous pourrez trouver cet article sous format d’Escamoprint à notre événement de dimanche. Qu’est-ce qu’un Escamoprint ? Une feuille A4 pliée comme il faut pour faire un beau livret au recto et un mini poster au verso. On en avait déjà fait un pour notre teuf du 9b autour du thème de l’acid. Celui-ci sera le sixième. A dimanche donc.