Le dub soundsystem, passage du mur de son

Session dub : Marion Piauley dessine pour L'Escamoteur

Ce soir, une nouvelle session dub s’est ouverte. La première chose à faire avec le dub, c’est de ne pas le confondre avec son lointain cousin, la dubstep. Même s’ils commencent pareil, ils sont plutôt éloignés. Donc, back to the roots. Cette histoire débute en Jamaïque. A la fin des conflits opposant les Jamaïcains aux Anglais, les artistes vont dans les studios pour fêter leur joie et enregistrent cette euphorie sur des rythmes de ska. Mais, rapidement le peuple découvre la triste réalité économique du pays. Le rocksteady naît dans cette période de conflit où la corruption est de mise. Des factions sont enrôlées par des politiciens véreux. Les guérillas sanglantes entre quartiers de Kingston commencent.

1967 : début du dub

C’est dans ce contexte effroyable que des concours entre artistes se créent à gros renfort de soundsytems permettant au public de découvrir leurs créations. Souvent, deux soundsystems s’installaient l’un en face de l’autre et les mouvements de foule désignaient le gagnant. Ces compétitions poussaient les groupes à perfectionner leurs équipements pour plus de puissance afin que les danseurs sentent plus profondément les vibrations de la musique.

Avec l’arrivée des versions instrumentales, on relançait plus profondément la culture dub en permettant l’apparition du DJ et des remix de selecters. Pendant que le selecter choisit et passe les vinyles, ce dernier relance l’ambiance. Puis, petit à petit, des versions dub sont apparues avec des places laissés par le remixeur pour que les Dj puissent kicker. Les sounds permettaient aux jeunes de découvrir de nouveaux sons tout en écoutant des textes relatant les violences de Kingston. Pour ce type de musique, le soundsystem a une importance toute particulière.

Le meilleur moyen pour s’en rendre compte reste de se bouger à une session dub.

 

2017 : dub en direct

Bref, c’est un bon copain, grand amateur de reggae et tout ce qui y touche devant l’éternel qui m’amena à ma première. Ce grand chineur, passant une bonne partie de ses journées sur youtube, soundcloud et comparses pour débusquer les nouveaux sons dub, me fit découvrir les bases du dub et l’amour des basses. Le dub, c’est un son qui transcende. Il s’épaissit au contact de l’air et te fait vibrer des pieds à la tête. Ce son peut te faire trembler la mâchoire si tu t’approches trop des enceintes. Une dubsession, ça s’entend de loin. Les basses font vibrer tout le bâtiment qui l’héberge. Ça se sent aussi. Les amphétamines, la cocaïne et toutes ces créations ont peu leur place dans ces soirées. Comme je le disais plus haut, back to the roots. Ici, c’est la nature qui domine les consciences. C’est à grand renfort de joints et d’eucaryotes que les gens vivent la soirée.

Lors de la première fois, ça paraît toujours étrange. Le schéma n’est pas tout à fait le même que pour les soirées classiques. Lorsque n’importe qui va écouter de la techno, house et même rock ou reggae, les enceintes sont placées devant le groupe. Le résultat est que tout le monde regarde les artistes. Là-bas, c’est un tantinet différent. En fonction du groupe qui fournit le soundsystem, il y a deux-trois tours d’environ deux mètres de haut, disséminées à égale distance du sélecter. L’effet plutôt étrange est qu’il y a plus de monde collé autour que devant l’artiste. Sur une petite scène avec trois tours, il y aura 40 personnes sur chacune des tours et 10 bonshommes devant le sélecter. Après, le déroulement reste plus ou moins classique. Notons toutefois les gars qui, planant un peu trop, ont réussi à s’endormir correctement affalés sur une enceinte crachant environ 5 à 10 kilos de son. Cette prouesse, toujours impressionnante, s’avère douloureuse au réveil.

 

Perspectives futures, on se tient au jus

Si vous n’avez pas encore été à une session dub, je vous invite à en trouver une en plein air. L’écoute est tout à fait différente quand elle a lieu sans murs et sans contraintes. Lorsque le dub sort de son établissement pour se retrouver à l’air pur comme aux origines : tu retrouves tout le plaisir des basses qui montent au ciel. Le son est plus clair, les basses plus profondes. Et il n’y a rien de mieux que s’allonger dans l’herbe avec sa bière fraîche pour profiter de ce son de manière calme et posée.

 

Signature et crédits :

Son & texte : Julien Philippon qui vous a raconté cette histoire et déniché ces grosses basses.

Visuel : Marion Piauley (site internet // Instagram)

 

Pour aller plus loin, toujours plus loin : Vous avez pu lire ici la première contribution de Julien Philippon. Depuis, il a pris du galon et s’est trouvé un sujet de prédilection : la fiction baresque. Il a ainsi fait deux enfants, et pour rentrer dans la matière on vous conseille vivement son bar idéal.

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