[CARTE POSTALE #10] En direct du canal du Nivernais

Le Canal du Nivernais par Julien Philippon

Cher E.,

Greg m’a rejoint à la gare et on est partis à Auxerre avec nos vélos.

J’ai pas eu l’occasion de te raconter depuis la dernière fois où on s’est croisés mais j’ai eu une idée. Je t’assure que celle-ci, ça en était une bonne. M. organise un festival au Riaux, pas de Janeiro mais celui près du Creusot. C’est le même principe que celui organisé par Nils sans les jeux mais avec beaucoup de techno.

Bref, avec Greg, on est tous les deux sans emploi. Tu t’imagines que si on suit la loi de l’offre et de la demande, notre temps a pas beaucoup de valeur en ce moment. On a décidé de partir en vélo d’Auxerre et de suivre le canal du Nivernais jusqu’à notre lieu de résidence pour le week-end. On est partis lundi dernier et on devrait arriver vendredi au Creusot. Selon nos estimations, ça devrait faire environ 400 bornes.

Notre devise pour l’organisation de ce trajet a été “ça va le faire”. Déjà qu’on est chacun de notre côté des brêles en organisation et en préparation. On s’était dit que moins et moins font plus comme en math. C’est un mensonge.

On a quand même réussi à partir. On a eu le nez fin de suivre le canal. Qui dit canal, dit eau qui s’écoule, ce qui signifie du PLAT. Dieu que c’est bon quand tu as un vélo trop petit et du matos sur l’arrière. Tu nous aurais vus dans le train et sur le début de la route avec nos sacs et nos cordes, accrocher la tente et tout le barda sans que ça touche les roues. Au début, on devait s’arrêter tous les km pour ajuster le paquetage. Mais, on avance. La première après-midi, on a réussi à bien rouler. On était sur du béton de qualité. Le ride était parfait. Je me voyais déjà maillot jaune.

Sur le chemin, on a croisé Michel et Tristan, deux pêcheurs du coin. Greg leur a parlé et a réussi à nous dégoter du fil, un hameçon, des plombs et des appâts. Plus qu’à trouver un grand bâton et on va pouvoir s’improviser une canne à pêche. J’ai bien fait d’y aller avec un scout !

On a réussi à trouver un petit coin de paradis pour planter la tente à l’abri des regards. On m’a raconté que le camping sauvage est interdit donc on se planque des condés. Greg a bien mis 30 min à fabriquer la canne mais moins de 10 min à avoir sa première prise. Une petite perche. On l’a relâchée. Il paraît que c’est pas un mets de roi sans citron. Et surtout vu la taille du bouzin, on n’aurait pas fait bombance. Il arrivera à en capturer 4 autres durant notre trajet ainsi que des poissons chats. Un pêcheur admirable jusqu’à ce que je veuille lui prouver que le nœud de chaise est un super nœud, incassable, un vieille combine de marin. Comme tu t’en doutes, je l’ai un peu raté. Notre seul hameçon a mis les voiles.

J’en reviens pas d’être aussi attardé. Je voulais vraiment pas me charger donc j’ai décidé de pas prendre de sac de couchage. Un petit pled devrait suffire ; on est quand même en août. Résultat des courses, je me suis réveillé à 5h du matin gelé. Tout ça parce que j’avais la flemme de retourner chez Maman à 30 min de chez moi en vélo pour récupérer mon sac. Je me suis pelé le cul. Il faisait un froid de gueux. Je tremblotais toute la fin de la nuit.

Je te passe la suite du voyage. Quand on suit un canal, ça se ressemble toujours un peu. Je te recommande d’y passer quand même ça vaut le coup d’oeil. En plus, ça te fait sentir comme un sportif de haut niveau.

Ah juste un point, penses bien à longer le canal pendant toute la route. Un détour de 36km dans des collines avec de longues montées est si vite arrivé.

Allez je te laisse. On doit partir du restaurant de routier qui a bien voulu nous servir 2 bières et un steack avec 2 oeufs au plat à 10h du mat’. T’aurais vu sa tronche et celle du cuistot à l’annonce de la commande. Je te raconterai la soirée Cosmic à mon retour.

Big bisous


Le son : Yasadim, un edit du Turc Mehmet Aslan disponible chez le label Disco Halal. Un vinyle de la collection de Julien Philippon, qui a lui-même écrit cette carte postale et pris cette photo.


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