La campagne je la connaissais par les balades enfantines que j’y avais faites. On faisait le tour du bois de grand-mère, on longeait une palombière… Souvent c’était digestif et, normand de mon état, pour profiter d’un bref laps de beau temps. On m’y disait les arbres que je voyais et les oiseaux que j’entendais. Quand c’était la saison, on faisait un bouquet de jacinthes ou de jonquilles et il était jamais aussi beau que celui de maman.
Cet espace familial au demeurant est devenu petit à petit celui des amis. Je suis au même endroit que je redécouvre via les mêmes rituels mais en ajoutant celui de la fête. Les bruits qu’on entend on est plusieurs à les reconnaître et on dit en chœur FAISAN quand on en entend un. On ne va plus toujours dans le bois de grand-mère, on innove.
Mais je découvre quand même. Essentiellement la nuit. Déjà, quand un coup dans l’aile, je sors me soulager dehors. Il fait jour. Pas de lampadaire si ce n’est une boule disco et le feu qui crépite. C’est la Lune qui m’éclaire, et elle est si forte que je distingue l’ombre de mon jet se dessiner au sol. Le temps indescriptible de la fête entre en une autre dimension et ce simili miracle me fait penser à celles et ceux qui sont dans le ciel. Ma grand-mère aurait bof goûté le mix de la Compagnie Créole par Larry Levan mais la joie qu’il me procure me fait dire qu’elle a vécu de tels moments d’extase et que, si leur source est différente, la joie ressentie est la même et nous rapproche.
Il y a ça et cet autre moment où une nuit, quittant la maison pour la plaine, on se retrouve avec le brouillard jusqu’aux genoux, estomaqués d’un truc tout à fait normal pour qui a vécu ici toute sa vie.
ESCADAVRES EXQUIS. Définition : Des œuvres à vingt mains qui mélangent illustration, récit et hasard.
I – Le texte :
Un.e premier rédacteur.ice A rédige un texte. Ielle transmet sa dernière phrase au rédacteur.ice B. B doit continuer le texte de A. Cette étape peut se répéter à l’infini.
II – Le dessin :
Une personne A’ reçoit les textes A+B. Il doit imaginer un dessin qui illustrerait les deux textes. Il envoie le quart droit de son dessin à B’. B’ reçoit un quart droit de dessin, et les texte B+C.
La Lune lumière. Texte de Nils Savoye. Visuel de Lucile Fauchier pour la partie gauche et Julie Savoye pour la partie droite. La suite, qui repart du visuel de Julie et de la dernière phrase du texte de Nils (en gras ci-dessus), est à découvrir dans le second épisode. Il y en a cinq en tout, qui forment une boucle – la partie gauche de ce visuel est la partie droite du cinquième visuel et la première phrase de Nils est la dernière du cinquième texte.