#3 – L’EscameuhMEUH. Deuxième partie : La pluie s’est arrêtée de tomber à trois centimètres du sol

#3 – L’EscameuhMEUH. Deuxième partie : La pluie s’est arrêtée de tomber à trois centimètres du sol

Il y a ça et cet autre moment où une nuit, quittant la maison pour la plaine, on se retrouve avec le brouillard jusqu’aux genoux, estomaqués d’un truc tout à fait normal pour qui a vécu ici toute sa vie.

On s’éloigne de la maison, on prend le chemin des pas japonais, l’allure importe peu. Par la fenêtre les flammes baissent doucement, la nuit reprend.

Elle est claire, la lune éclaire par intermittence la plaine, lumière froide et pâle des stroboscopes placés pour la soirée à venir.

La pluie s’est mise à tomber. La pluie s’est arrêtée de tomber à trois centimètres du sol.

C’est peut-être lié, si la pluie s’arrête à trois centimètres du sol, avec la chaleur du soleil, et l’humidité du soir, peut-être que le brouillard reste jusqu’aux genoux. Comme des bottes de pluie, non plutôt comme du coton, comme si on marchait dans un champ de coton. Non, le coton c’est plus haut, plutôt aux épaules ? Ça pousse comment en fait le coton ? Tom à la ferme, oncle Tom en salopette, avec son foulard et ses lunettes. Non, qui chante du blues et fume des cigarettes, avec du tabac en feuille, pas des cigares, des cigarettes, mais avec des feuilles de tabac. Ça se fume ? Les cigares, c’est des feuilles de tabac complètes enroulées non ? C’est ce que disait Marion des vieilles femmes à Cuba qui roulaient les feuilles, un peu comme des rouleaux de printemps, avec délicatesse et force, il faut rouler sans froisser, sans casser. Elles sont sèches les feuilles roulées ? Mais alors elles cassent ? Comme des feuilles de laurier ? Il faut le tailler d’ailleurs. Et on pourra faire sécher les feuilles, les mettre en poudre, dans des petits pots, ça sera bien pour les sauces. Il reste de la tomate ? On vérifiera sinon il faut en racheter demain au marché.

La lune éclairait par intermittence la plaine. Les feuilles se levaient et se sublimaient dans le cisaillement du vent. La plaine se gondolait à la lumière, pente d’ombre et relief de lumière. Les nuages arrivaient, ils encerclaient la plaine, encerclée d’arbres. Au-dessus de la maison, le ciel était dévoilé. La virga, c’est ça, la pluie qui tombe sans toucher le sol, la pluie qui ensemence les nuages.


SCADAVRES EXQUIS. Définition : Des œuvres à six mains qui mélangent illustration, récit et hasard.

II – Le texte :
Le premier rédacteur A rédige un texte. Il transmet sa dernière phrase au rédacteur B. B doit continuer le texte de A. Cette étape peut se répéter à l’infini.

I – Le dessin :
Une personne A’ reçoit les texte A+B. Il doit imaginer un dessin qui illustrerait les deux textes. Il envoie le quart droit de son dessin à B’. B’ reçoit un quart droit de dessin, et les texte B+C.


La pluie s’est arrêtée de tomber à trois centimètres du sol. Le premier épisode intitulé La Lune Lumière, finissait par une phrase de Nils Savoye que vous trouvez en gras au début de ce texte. Ici, le texte est prolongé par Pierre-Yves Liberatore. La partie gauche du visuel est de Julie Savoye. Pour la partie droite c’est Marion Bonneau.

La suite, qui repart du visuel de Marion et de la dernière phrase du texte de Pierre-Yves (en gras ci-dessus), est à découvrir dans le troisième épisode. Il y en a cinq en tout, qui forment une boucle.

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