[LA CLEF #2] Un bénévole dans la fourmilière

Yannis bénévole au cinéma La Clef

Sur notre site, vous pouvez lire les textes reçus dans le cadre de notre appel à textes Une histoire à La Clef. Vous pouvez aussi, si vous le souhaitez, contribuer en nous envoyant par mail un récit de votre cru dont l’action se déroule au cinéma La Clef. Vous avez pour ce faire jusqu’au 20 octobre, plus d’informations en cliquant ici. On commence avec Yannis, un bénévole qui nous raconte les préparatifs d’une séance.


Derrière le rideau de fer du cinéma, il y a toute une vie à l’intérieur. Quand je suis devenu bénévole à La Clef, je l’ai découverte !

En entrant, un peu en avance, c’est calme. Alors je fais le tampon avec la date et le titre de la séance pour les tickets. Pour ça, on replace des lettres sur un châssis en plastique, comme à l’époque de la première presse de Gutenberg, mais en miniature. Un vrai travail d’orfèvre avec la pince à épiler. Je perds des lettres à chaque fois et mets plein de traces d’encre sur le comptoir.

Pendant que j’enrage avec ce fichu tampon, une personne s’active à passer un coup d’aspirateur dans la salle (avec une immense rallonge) et la serpillère dans les toilettes. Et une autre se demande si c’est vraiment nécessaire de laver le lino cinq minutes avant d’ouvrir au public ! On va éviter le patinage artistique…

Le temps file (mais pourquoi j’ai fait ce tampon ? Et déjà, où elle était, la loupe ?) et c’est l’heure H, enfin + 3 minutes. On court un peu partout, mais on va commencer : ouvrir le rideau de fer ! C’est déjà tout un cérémonial. Lentement, on voit apparaître les gens qui attendaient devant. Ils sont si contents que c’est contagieux.

Comme on n’est jamais tout à fait prêts, même à deux derrière notre comptoir exigu, les gens sont compatissants et nous aident un peu – un stylo prêté pour les feuilles d’adhésion – ou se proposent de devenir bénévole pendant qu’on tamponne quelques dizaines de tickets.

Là-haut, quelques bénévoles préparent le film. On se demande toujours quelle magie opère derrière le hublot qui nous sépare de cette pièce mystérieuse. Ici, il y a un ordinateur portable qui peut piloter le projecteur depuis les fauteuils de la salle. Mais lea projectionniste préfère rester dans la cabine avec une clim’ assourdissante à préparer comme une playlist : une image pour quand les gens entrent, un carton noir, un petit tract vidéo, un carton d’information pendant qu’un.e bénévole racontera notre odyssée administrative, encore un carton noir, et enfin le film. Ah oui, et encore un carton-logo pour après le film, pendant que les lumières se rallument.

Au bout d’un moment, la personne en cabine de proj’ descend tranquillement prendre une bière. C’est que tout roule, les gens vont pouvoir s’installer là-haut. C’est plus pratique que d’envoyer un « pouvez faire monter en salle » sur la messagerie instantanée, car avec les pass sanitaires à scanner j’avais déjà plus de batterie !

Évidemment, quand tout le monde est monté, il en reste toujours qui attendent leurs amis qui devraient arriver dans trois minutes d’après le GPS – mais qui se sont perdus depuis le métro. Un autre redemande le titre du film puis se pétrifie : « ‘Me suis trompé de cinéma !!! » Je lui propose de rester, puisqu’il ratera de toute façon l’autre film… et bientôt le début de celui-ci !

Après la présentation de l’occupation (je la résume pas, vous la connaissez par cœur) la bénévole qui l’a faite descend ranger le micro dans le tiroir (oui, c’est hyper important, pour pas le chercher le lendemain…). On peut aller mettre la caisse dans le « bureau ». C’est une salle qui ressemble au local lugubre des grands magasins, où les vigiles nous emmènent pour vérifier qu’on n’a pas piqué un truc. Ici, c’est plutôt ambiance tour de contrôle, avec des gens sur ordi, pendus au téléphone avec des distributeurs, des réals à inviter, à encoder les films du lendemain. Une partie de la fourmilière…


UN SON : Mon Côté Punk de Loïc Lantoine

UN TEXTE : Yannis, bénévole anonyme de La Clef

UN VISUEL : Yannis

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