Diana Ross est née en 1944 à Detroit (Michigan). Elle a donc 16 ans lorsque Berry Gordy monte en 1960 la géante Motown. Un des premiers 45 tours du label est de The Miracles, le groupe à succès de Smokey Robinson. Or, Smokey est voisin de Diana et Diana, déjà, chante. Profitant intelligemment de Smokey, Diana lui demande donc de bien vouloir introduire son groupe de l’époque auprès de Berry. The Primettes se produisent alors devant le ponte et – sautons quelques étapes – changent de nom pour devenir The Supremes, connaissent un succès régional puis national avec le hit When The Lovelight Starts Shining Through His Eyes. Ca y est, mesdames sont dans le top 40 ! Un titre, avec des paroles bien mièvres tirées de la bouche d’un groupe de femmes vocalistes qui chantent en fait ce qu’on leur demande de chanter. Les compositeurs ? Le trio Holland-Dozier-Holland, deux frères et un troisième badaud qui ont forgé l’identité musicale de la Motown dans les années 1960. A l’époque, ils ont écrit des dizaines de morceaux pour The Supremes, Marvin Gaye, The Miracles ou encore Brenda Holloway. Le succès s’installe pour le groupe et, à ce jour, The Supremes constituent le groupe vocal ayant eu le plus de succès aux Etats-Unis en termes d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Diana Ross sans les Supremes
A l’époque, on raffole du groupe et surtout de la figure de Diana Ross qui émerge petit à petit. Florence Ballard, une des chanteuses du groupe, a des problèmes d’alcool et se fait virer. On en profite pour transformer The Supremes en Diana Ross & The Supremes. La diva fait vendre. A la fin des années 1960 l’idée est avancée qu’elle pourrait peut-être faire une carrière solo mais vu la quantité de pognon qu’elle rapporte avec son groupe on reporte la décision. Il faut attendre l’année bénie des dieux 1970 pour que madame entame une carrière solo. C’est le moment du magnifique Ain’t No Mountain High Enough. Cinq ans plus tard sortira Love Hangover, ce morceau mythique traversant tout le pan de la culture disco se suffit à lui-même pour présenter l’artiste. On aurait tout aussi pu vous joindre le Paradisiaque de MC Solaar qui le sample avec classe. Pour les curieux vous le trouverez ici.
1980 : Diana Ross se fait Chic
Dix ans plus tard, vous la voyez comme Marie vous la dépeint. SON album, diana, sort. Et c’est le feu. Elle a traîné au Studio 54, club mythique de New York, et on imagine qu’elle a remué ses hanches sur Chic. Elle veut bosser avec eux. Nile Rodgers et Bernard Edwards, les deux génies derrière Chic, entament alors des conversations avec Diana et en tirent leurs compositions. L’histoire qui laisse le plus bouche bée serait qu’ils ont rencontré beaucoup de drag queens déguisées en Diana Ross et qu’ils auraient ainsi écrit I’m Coming Out. Sorte de mise en abîme et de défense de la culture homosexuelle elle-même très liée au disco.
Toutefois, un premier jet sort et il est retravaillé ni vu ni connu par Diana et d’autres ingénieurs son. Les passages instrumentaux sont raccourcis, les voix enregistrées à nouveaux, la voix plus mise en avant et le rythme accéléré. Rien n’est dit à Rodgers et Edwards qui veulent presque virer leur nom du projet en écoutant tellement ce que Russ Terrana en a fait était différent de l’original. Mais qui est ce Russ Terrana ? Comme Holland-Dozier-Hollan, ce dernier faisait partie de l’industrie Motown et a enregistré pendant plus de 15 ans ce qui se faisait à la Motown, des Jackson 5 à Stevie Wonder. Une histoire à suivre…
Signature et crédits :
Le son : Love Hangover de Diana Ross, présent sur l’album du même nom sorti en 1976
Le texte : Nils Savoye
Le visuel : illustration de Marie Casaÿs