Au premier regard c’est l’escamoteur qui attire l’œil. C’est lui que le public regarde avec
attention. C’est lui qui est au cœur du tableau.
On pourrait souligner qu’il se joue de son public (on voit par exemple qu’un de ses complices
subtilise la bourse d’un spectateur). On pourrait analyser les différents personnages
dépeints ici, leur classe sociale, leur attitude ou encore leur expression faciale. Mais ce qui
m’intéresse ici, c’est simplement que ce tableau soit l’un des premiers dits « de genre »,
c’est-à-dire qu’il ne représente ni Dieu, ni des figures mythologiques ou historiques.
Ici, on a affaire à de simples mortels, dans un lieu non défini. Ces deux critères sont très
importants pour l’interprétation de cette œuvre. En effet, on devient alors libres d’imaginer
ce que chaque personnage représente, ce qu’il a à dire et pourquoi. Alors moi je décide de
transposer ce tableau, nommé l’Escamoteur et daté entre 1475 et 1505 à l’Escamoteur,
l’association, telle que je la connais aujourd’hui, en 2020.
L’Escamoteur de 2020, ce n’est pas une personne qui cherche à manipuler son public. Le
prestidigitateur comme on peut l’appeler également, ce n’est plus quelqu’un qui fait son
numéro puis demande de l’argent. Oh non. Le seul point commun qu’on peut leur trouver à
ces escamoteurs, c’est le divertissement.
Tous deux se posent là, et se proposent à pratiquer leur art, pour le plaisir des spectateurs.
Mais plus encore, l’escamoteur 2020 n’est plus une personne face à d’autres. C’est plutôt
une personne qui initie le mouvement et qui emmène avec elle tous ceux qui partagent les
mêmes idées. C’est l’esprit de communauté dans le plus beau sens du terme. C’est travailler
ensemble, partager, s’écouter et échanger des idées. Pas dans un but lucratif, pas dans
l’espoir d’être connu, pas pour être meilleur qu’un autre, pas pour se venger, se faire
remarquer ou se faire aimer. Juste pour le plaisir d’être ensemble et d’apprendre les uns des
autres.
L’Escamoteur aujourd’hui pour moi c’est d’abord les personnes qui y participent. Ce sont ces
« simples contemporains » qui ont décidé de collaborer pour créer ensemble de belles
choses. Ces belles choses elles passent par la musique, le dessin, la photographie, l’écriture
et j’en passe. Elles se traduisent par des évènements en soirée, en journée, à Paris ou en
Normandie, souvent arrosées mais pas que. L’Escamoteur c’est la rencontre. Avec d’autres
personnes, bien sûr, mais aussi avec de nouvelles formes d’expression.
Un son : salut c’est cool – Des fleurs
Un texte : Justine Marcoux
Un visuel : Anne-Cécile Kovalevsky aka KOVA