Discogs, qu’est-ce que l’achat de musique en digital révèle de nous ?

Pour rappel, Discogs c’est l’abréviation de Discographie, soit une plateforme qui permet plusieurs choses. D’une, c’est un catalogue qui référence la musique disponible dans le monde entier et qui a vocation à être exhaustif. On peut ainsi y trouver le premier album de Syd Barrett, toutes ses variantes… Mais surtout, on peut l’acheter si on le souhaite, on peut l’ajouter à notre liste d’envies (wantlist) ou encore l’ajouter à notre collection si on l’a déjà. Discogs, c’est tout ça, et c’est surtout une forme d’encyclopédie musicale qui repose essentiellement sur les contributions de ses membres.

Imaginez toute la data récoltée. Le nombre d’albums par artiste, le nombre de ventes, le montant de ces ventes, la popularité des artistes/producteurs/labels correspondant… Discogs a ces données et les partage chaque trimestre. Ils ont publié les données du premier trimestre 2019. On a trouvé qu’il serait intéressant de vous les présenter.

Cher, ça veut dire quoi ?

Sur ces trois mois qui entament 2019, le vinyle le plus cher a été vendu plus de 3 650 dollars. C’est l’album An Apple A Day du groupe Apple, un disque obscur de rock psychédélique. 38 membres de Discogs ont indiqué l’avoir dans leur collection tandis que 427 le voudraient – pas tous au point de débourser 3 650 dollars pour l’avoir sans doute. Pour info, ce vinyle faisait déjà partie des plus chers vendus en juin 2017 et en mai 2017.

Beaucoup, ça veut dire combien ?

Il est intéressant d’imaginer ce qui pousse à l’achat, notamment pour les vinyles qui sont repressés. A l’échelle mondiale, le deuxième vinyle le plus vendu sur la période est le Nuova Napoli de Nu Guinea. On remarque Nujabes juste derrière grâce à la réédition de son album Metaphorical Music à l’occasion du quinzième anniversaire de sa sortie.

Il y a aussi la place des morts. En février mourait Mark Hollis, l’ex-chanteur de Talk Talk. La réaction est immédiate et on trouve l’album Spirit Of Eden en quatrième position alors qu’il n’a pas connu de réédition spécifique.

On trouve bien évidemment un peu de soupe que nous ne citerons pas pour des raisons de lâcheté évidente ou par peur de manque d’exhaustivité. Enfin, on n’oubliera pas la place (14ème) de Peggy Gou avec son Once qui continue de faire son bonhomme de chemin.

Discogs, plateforme mondiale avec des usages locaux

Il est intéressant de regarder par pays afin de voir la place notamment des acteurs locaux dans les achats. Ainsi, la deuxième place en termes d’achat de repress est en Australie pour l’enfant du pays Mall Grab. Ses compatriotes Flight Facilities sont sixième.

Un cas intéressant est la passion danoise pour le groupe de rap autochtone des Nobody Beats The Beats, qui kick en anglais sur des prods de Madlib, un truc pas trop dégueu dans l‘ensemble. Parfois par contre, ça n’a aucun lien. Pensons par exemple au Brésil qui a du Whitney Houston et du Whodini – hip hop électro du début des années 80.  

En France, le premier est Magoo, une sorte de Boogie funk, sur CD. Mais on compte plus loin le Umami de Folamour ou encore le jazz japonais de Soul Media. Des « scores » qu’on peine parfois à rapprocher de l’actualité et dont on se demande ce qui a décidé l’acte d’achat.

Nouveau complot à ajouter à votre liste de complots

Je pense ici, dans une conclusion tout à fait complotiste, à la chanteuse estonienne Velly Joonas. Il y a de ça une bonne année, je me retrouvais avec sa très bonne soul dans mes recommandations YouTube. Elle a sorti son tube en 1983 qui a été réédité par le label Frotee qui se charge de nous faire découvrir de la pop estonienne comme le dit leur site. Comme toute bonne théorie complotiste, je n’irai pas plus loin que de dire qu’on pousse peut-être des morceaux nouvellement repressés et que derrière cette volonté de nous faire découvrir de la musique il y a finalement celle de mettre en avant de produits existants – ici, un 45 tours qui a été repressé 5 fois en à peine 3 ans et demi.

L’ensemble des données sont disponibles ici pour les anglophones curieux.

Signatures et crédits :

Le son : La compile regroupe l’ensemble des titres mentionnés au cours de l’article. On en a plein d’autres, pour chaque article, sur notre page YouTube.

Le texte : Nils Savoye

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