Bruno Hovart est discret, vaporeux. On écoute sa musique sans savoir qui il est, sans savoir ce qu’il fait. C’est par la magie d’internet qu’on réalise certains recoupements. Vous savez, ce cheminement en arrière où vous vous dites : “han, le mec est partout!” Boogie de Uptown Funk Empire, sa reprise du Brothers On The Slide de Cymande sous l’alias Patchworks Ginger Express ou encore plus récemment le groupe Voilaaa… Une palette large, allant de la deep house au funk en passant par des expérimentations africanisantes ou fusion. Justement, à cette palette il manquait certaines nuances et un nouveau vide vient d’être comblé avec DA BREAK. Désormais, Bruno Hovart s’est mis au hip-hop dans une démarche revival des années 90.
(Ecoutez ce chouette album mais pour les curieux vous trouverez quand même notre playlist en complément sur ce lien).
Sa version des faits
C’est en interviewant Bruno au festival Pete the Monkey que nous avons découvert la démarche générale de l’ensemble de ses projets. Il a commencé dans les années 90 en jouant seul, de la deep house. Un premier alias qu’il a partagé avec 3 autres musiciens : La Cellule. Il sait jouer à peu près de tous les instruments et la suite de ses projets ont été plus individuels. Pour lui, la cohérence serait dans le fait qu’il gère tout, pas de manière absolument géniale mais avec une idée bien précise, celle qu’il a dans sa tête. Surtout, il pense au public et n’oublie pas que sa musique est destinée à ce dernier. Le groove n’est pas superbement sophistiqué mais il est efficace sans être simpliste. Les reprises ou samples témoignent d’une culture riche, tout comme le fait de le suivre sur Facebook où il partage quantité de morceaux qui rendent bienheureux.
Aussi, il est avant tout instrumentiste et plutôt que remix ou edit, il préfère dire qu’il fait des reprises. Selon lui un edit serait un poisson pané auquel on aurait coupé les arrêtes et autres subtilités pour qu’il se fonde dans un décor bien précis. Tout est relatif bien sûr, partant des pistes de base celui qui réalise l’edit a bien sûr une expertise bien particulière en tentant d’offrir une seconde lecture du morceau originel. Lui préfère, plutôt que de se poster en ingénieur du son, être l’instrumentiste qui reprend de A à Z le morceau pour en faire un nouveau-né. En témoigne le morceau Get Your Point Over que nous vous avons mis dans notre playlist complémentaire – la fameuse. Bruno ne s’est pas contenté d’ajouter un kick, tout a été remanié et ce morceau qui est déjà une tuerie à l’origine connaît littéralement une seconde existence.
L’homme seul se fait groupe
Bruno vit aujourd’hui à Lyon et ça explique beaucoup de choses. Tout d’abord, ses liens forts avec le label autochtone Favorite Recordings où il comptabilise plus d’une dizaine de sorties. Aussi, sa rencontre avec Jennifer Zonou aka Hawa, qui est la chanteuse de DA BREAK et avec qui il avait déjà collaboré, notamment pour Voilaaa. Ajoutez à cela Rémy Kaprielan, le troisième luron du groupe. Enfin, le label régional La Ruche qui a produit l’album que nous vous présentons aujourd’hui : DA BREAK, de DA BREAK.
A priori, si vous captez un peu le discours on devrait entendre du break à l’écoute de l’album. Le break c’est quoi ? Littéralement c’est le moment où on s’arrête dans la musique : on fait un break. Historiquement, c’est ces moments trop courts qui ont été samplés pour être rallongés et sur lesquels on peut entendre les premiers rappeurs “breaker”. Le premier à avoir eu cette démarche était DJ Kool Herc, dans le Bronx des années 70. Il acheta deux fois le même vinyle et équipé de deux platines il prolongeait à l’infini un petit passage de dix secondes pour que les b-boys (les break boys) puissent danser pendant qu’il les chauffait en usant de son micro.
DA BREAK : mise à l’honneur du hip-hop des nineties
DA BREAK ne remonte pas aussi loin dans l’histoire mais le projet reste celui d’un revival du hip hop, plus précisément l’américain des années 90. Comme on vous le disait précédemment, Bruno Hovart est avant tout un instrumentiste. Challenger désireux de toujours produire de la musique venus d’horizons divers, il a ici essayé avec son groupe de se remettre dans le bain en utilisant les techniques de l’époque.
Ainsi, le sample est au cœur du projet. Sauf que… le groupe a opté pour deux sources : samples tirés de morceaux pré-existants d’abord. Approche classique. On peut ici penser aux percussions du Do It Til You’re Satisfied de BT Express qu’on entend tout au long de Touch The Moon – le troisième titre de l’album. A l’inverse, ils ont travaillé en créant certaines de ces boucles.
L’idée était de se remettre dans le bain de l’époque. Challenge relevé avec classe si j’ose dire. Les 34 minutes de cet album oscillent entre East et West Coast, le tout sur des thématiques joyeuses et pleines de bienveillance. Bon esprit, bonne musique. DA BREAK assume parfaitement cet héritage et parvient à un album original qu’il fait bon écouter et sur lequel on vous encourage à breaker. Si vous ne le faites pas pour nous, faites-le pour Christophe de la FNAC de Chambéry
Signature et crédits :
Le son : DA BREAK est dispo à la vente chez votre marchand de journaux, chez les bons disquaires ou encore ici
Le texte : Nils Savoye
Le visuel : Bienfaiteur anonyme remercié ici chaleureusement