Complétons-nous avec des croquis à quatre mains

Cette nuit, j’ai rêvé qu’on perdait la vision analytique des choses, qu’on ne pouvait
pas les analyser, les dissocier. On marchait, Aude, les enfants et moi devant le panier du
chien pour aller dehors et l’on écrasait au sol, à tour de rôle, sans vraiment s’en rendre
compte, une forme marron. En me retournant dessus, je n’arrivais pas à comprendre s’il
s’agissait d’une crotte de chien ou d’une tablette de chocolat. Est-ce une perte de la
vision analytique ou un doute quant à la situation ? Est-ce la présence du chien ou des
enfants qui m’empêchent de voir le temps, de prendre le temps, de choisir le temps ?

Je me sentais oppressée dans cette queuleuleu informe en direction du jardin.
Jardin enfermé par des murs, des grilles, telle une prison dorée. Je me suis réveillée en
sursaut pleine de peur. La peur de ne pas savoir où j’étais à cause de cette promiscuité.

Un dessin au soleil plus loin, avec ma musique, mon café, mon clope.

Nous sommes le mardi 24 mars et il est 11h. Je croque ce que je vois pour trouver
l’évasion par la contemplation. L’étape 2 est de convaincre Mahaut (4 ans) de colorier ce
bout de verdure attrapé.

En faisant cela, partager ce que je fais par le faire, j’ai le sentiment de partager un
bout de vision, de donner un bout de vision, dans la réalité et non dans les réseaux
internet. Pour moi, « la Culture », l’éveil au monde ne peut passer que par la réalité
matérielle. Une possibilité que je vois est la suivante. Scanner ces croquis pour proposer
aux gens qui le souhaitent d’y amener la couleur.

Parce que inter-Net c’est quoi ? Un flux entre nous, qui nous fait sourire un
instant ? Que l’on oublie ou que l’on garde tel un flash et non comme du vécu. Proposer
des compléments, des ajouts sur ce que je fais offrirait un autre regard qu’un flash de
3sec sur une story Instagram, qu’un scroll sur un fil d’actualité Facebook. La réalité doit
être attrapée, gardée, partagée, assemblée, mélangée pour Être.

Alors voilà, un croquis par jour pour qui veut bien l’attraper, le compléter via un
écran, une imprimante, une réponse écrite. Gardons notre vision analytique des choses.

Pour retrouver le coloriage quotidien proposé par Julie Savoye, c’est par ici.


Un son : Quedate Luna de Devendra Banhart

Un texte : Julie Savoye

Un visuel : Croquis de l’article fait lundi 23 mars 2020 à Rouen, colorié par Mahaut à Rouen.

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