La Russie c’est un grand pays. Vaste et varié. On peut prendre l’avion depuis Moscou, voler 2h dans une direction et changer totalement d’univers tout en restant dans le même pays. C’est le cas quand tu débarques à Makhatchkala au Daghestan.
Cette république autonome, grande comme deux fois notre tendre Bretagne est bordée par la mer Caspienne et recouverte majoritairement de montagnes qui grimpent jusqu’à plus de 4 000 mètres. Berceau d’une multitude d’ethnies éparpillées dans les profondes vallées, elle abrite une population très conservatrice et majoritairement musulmane. Pour vous donner une idée, il y a 14 langues officielles.
Bref, ça c’est pour le contexte, pour le reste il y a Wikipédia.
Notre petit périple commence par Derbent qui porte le titre non officiel de plus vieille cité de Russie. De la forteresse qui domine la ville, de longs remparts dégringolent jusqu’à la mer, et abritent mosquées, églises et dédales de ruelles moyenâgeuses. Le temps semble s’être arrêté. Soleil de plomb. On nous invite dans un des rares cafés à vendre de l’alcool à siroter une bière et à grignoter des pois chiches. Détour par la plage fréquentée par quelques touristes russes.
On avait décidé de se laisser porter par les rencontres pendant les prochains jours.
Premier arrêt Koubatchi, petit village à flanc de colline connu pour ses orfèvres. Les femmes y portent un voile traditionnel locale, blanc brodés de fils d’or. En fonction des motifs, on peut déterminer si madame ou mademoiselle. Du haut d’une des anciennes tours de défense on observe les aigles planés sur la vallée. Autrefois on y allumait des feux pour prévenir les autres villages de l’arrivée d’ennemis.
Bon, une fois de plus je me dit que ca va être assez compliqué de tout faire tenir sur une carte. Alors je vais juste te parler de Maḥomed l’apiculteur.
A la tombé de la nuit à l’entrée de Goulebki, on comprend vite qu’on ne pourra pas aller plus loin en stop aujourd’hui. Sur la vieille piste poussiéreuse une camionnette s’arrête. 30 minutes plus tard on se retrouve encerclé de sauts de miel dans la cuisine de Mahomed. Sa femme est allée chercher du pain, nous a préparé un rapide souper avant de se retirer dans la chambre.
Elle laisse son mari partager avec émotions ses souvenirs des montagnes, avec passion ses anecdotes historiques et avec conviction ses réflexions religieuses. 2 mètres de haut, des paluches d’ogre, l’œil vif, le sourire narquois et un rire franc et gamin. Il cite régulièrement son institutrice. Elle leur parlait marxisme et amitié des peuples il y a 40 ans. C’était un bon élève.
Il est curieux et saisit cette occasion unique qu’il a d’échanger avec des étrangers (la dernière fois c’était un slovaque, il y a 7 ans) pour savoir comment c’est chez nous. Gilets jaunes, Notre Dame… Vous reprendrez bien une louche de miel ? Quelques tasses de thés plus tard, je m’endors sur son canapé.
Et si on restait là ?
Je te raconte la suite à la maison…
Embrasse tes parents
Grégoire
Le son : Творожное озеро – Юные волны. Une petite pépite lo-fi parfumée de nostalgie soviétique, et saupoudrée d’utopie romantique. Une madeleine de Proust d’un été jeune et éternel. Le tout soutenu par des extraits de film des 80’s contant des amours adolescent et naïf
Le texte et le visuel : Grégoire Chesnot, membre du label Belka Records qui édite du rock russe. N’hésitez pas consulter son Instagram pour voir d’autres de ses photos.
Comment participer aux cartes postales ?
Sur ce site, nous essayons de réfléchir à ce qu’il peut être intéressant de créer du point de vue des auteurs autant que du point de vue des visiteurs. Pour les auteurs, il y a cette idée qu’on écrit souvent sous la contrainte. Si vous avez la vingtaine passée et que vous lisez ce texte, a priori vous avez déjà écrit des centaines de rédactions, commentaires et essais au cours de votre vie scolaire, voire même un mémoire d’une centaine de pages.
Et s’il était possible, sans que cela en devienne un métier pour autant, d’écrire sans contrainte, pour le pur et simple plaisir de raconter, de transmettre ? Voilà ce qu’incarne ce projet de CARTE POSTALE. Venez partager un moment en racontant ce que vous voulez, sans destinataire précis mais avec la simple idée de vous remémorer un beau moment.
Tous nos articles sont des duos alliant un son, un texte et un visuel réalisés par au moins deux bénévoles distincts. Pourtant, ici, c’est vous qui prenez la parole et recréez l’univers de vos vacances. Cette carte postale c’est la vôtre et vous pouvez choisir une image plus belle que celle des tourniquets qui grincent, des mots plus profonds que les 140 caractères d’un tweet et une musique pour accompagner cette paisible lecture.
Vous l’aurez compris, vos contributions sont les bienvenues et seront publiées sur le site. N’hésitez pas à nous les transmettre à contact@lescamoteur.fr.
Pour les curieux de la genèse du projet on vous raconte tout dans cet article.