[CARTE POSTALE #24] El Malecón de La Havane

El Malecon une photo de Camille Lefebvre

En mars dernier, Camille Lefebvre s’est rendue à Cuba. Elle en a fait des photographies et un texte, initialement présentés sous forme d’un roman photo mêlant côte et poésie. Il eut été triste que, parlant des Cubains, ces derniers ne puissent la lire. Vous trouverez donc une version française en lisant à gauche, en regard d’une version espagnole sur votre droite, traduite avec l’aide de son frère et d’une amie.

En marzo 2019, Camille Lefebvrese fue a Cuba. Allí, sacó fotografías y escribí un texto, al principio presentados como una fotonovela mesclando cuesta y poesía. Hubiera sido triste que, hablando de los cubanos, ellos no pusieran leerla. Así, os encontrarán, por su derecha, su texto traducido en español por su hermano y una amiga suya.

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Marcher entre les trous

S’imaginer les morceaux perdus,

Eparpillés

Penser la tempête et son après

Faire surgir l’histoire cubaine

La peser,

La mesurer,

Puis l’envisager, pour un temps

Modèles confrontés

*

Caminar entre los huecos

Imaginarse los pedazos perdidos

Esparcidos

Pensar la tormenta y su después

Hacer aflorar la historia cubana

Pesarla,

Medirla,

Y considerarla, por un tiempo

Modelos confrontados

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Le Malecón est le sourire de la Havane

Un sourire ondulant et long de 8km

Un sourire en béton,

Stricte,

Dur

Et pourtant perforé

Un sourire qui bloque la mer

Et se laisse frapper par la houle

–              Déchaînée              –

Un socle de ciment que la mer submerge

Et grignote par son sel

Sans jamais trouver satiété

*

El Malecón es la sonrisa de la Habana

Una sonrisa ondulante, de 8km

Una sonrisa de concreto,

Estricta,

Dura

Y sin embargo perforada

Una sonrisa que bloquea el mar

Y se deja golpear por la marea

–              Loca              –

Una base de cemento que el mar sumerge

Y mordisquea con su sal

Sin saciarse jamás

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Façade historique en construction,

Déconstruction, reconstruction

Désireuse de l’outre-mer

Et à jamais emblématique d’une ville si singulière

La Havane rêve plus loin, nourrie par son passé

Le Malecón lui affiche un sourire vers le monde

Un sourire gris et bleu,

Moucheté de couleurs indicibles

*

Fachada histórica en construcción,

Deconstrucción, reconstrucción

Deseosa del allá

Y para siempre emblemática de una ciudad tan especial

La Habana suena lejos, alimentada por su pasado

El Malecón le ofrece una sonrisa hacia el mundo

Una sonrisa gris y azul,

Manchada de colores indescriptibles

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Le Malecón offre la mer et ses dérives

Une mer épaisse,

Qui présente son large

Abondamment,

Aux yeux de tous, mais à la pratique d’aucun

Sur la route à 6 voies

Se succèdent stations essences, postes d’alimentation,

Ambassades, parkings

Et hôtels, reconvertis ou non

Leurs flancs se hissent face à l’immensité marine

Leurs flancs s’adonnent à tenir leur verticalité

Ils sont géants et témoins

Ils sont lambeaux et règnes

Limites et tremplins

*

El Malecón regala el mar y sus corrientes

Un mar grueso,

Que presenta su largura

En cantidad,

A la vista de todos pero al alcance de nadie

En la carretera de 6 carriles

Se suceden cupet, tiendas,

Embajadas, aparcamientos

Y hoteles, restaurados o no

Sus lados se alzan frente a la inmensidad marina

Sus lados se esfuerzan por mantener su verticalidad

Son gigantes y testigos

Son jirones y reinos

Limites y trampolines

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Le Malecón de la Havane

Longueur, splendeur, débris, embruns et pots d’échappement

Ferveur, Hauteur, taxi, soudain, ouragan

*

El Malecón de la Habana

Longitud, gloria, escombros, bruma y tubos de escape

Fervor, altura, almendrón, de repente, huracán


Un son : Nosotros de Omara Portuondo membre du Buena Vista Social Club

Un texte : Camille Lefebvre. Mars 2019. Traduit en espagnol/cubain par son frère Pierre Lefebvre et son amie Ana Colmenero

Un visuel : Photographie argentique de Camille Lefebvre. Morceau du Malecón de la Havane en Mars 2019, pécheurs, coco taxi et mon frère Pierre à vélo. Balade entre les trous. Appareil et pellicule utilisés : Olympus AF1, objectif Zuiko 35mm – pellicule Kodak PORTRA 160 ISO 35mm

Ce roman photo exposé sous sa forme originelle est disponible sur le site de Camille (ici), sans doute moins cartésien à la lecture mais on y voyage encore mieux.

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