Ascidiacea : un collectif polymorphe

Visuel réalisé par Luce Terrasson pour L'Escamoteur, article Ascidiacéa
Visuel réalisé par Luce Terrasson pour L’Escamoteur, article Ascidiacéa

Ascidiacea, quand on recherche dans Google ce sont deux choses. Après avoir lu un article Wikipédia où un mot sur deux nous était inconnu, nous avons décidé de zapper la classe d’animaux marins du sous-embranchement des tuniciers pour vous parler du collectif parisien du même nom.

Dimanche 23 avril nous avons eu le plaisir d’être invités à Mains d’Œuvres en marge du MOFO, un festival de musique indépendante. C’est là-bas que nous avons rencontré le collectif Ascidiacea. Résidents du lieu, après y avoir travaillé plusieurs mois ils ont exposé leurs recherches au cours dudit festival. On pouvait y vivre une installation réalisée en collaboration avec le SAS (un groupe de la cité des sciences axé expériences et créations collectives) et basée sur une oeuvre de Iksel Maître. Avec leur accord et contribution, ils ont utilisé le même code de génération interactive employé pour l’image, mais pour l’implémenter dans du sonore. Qu’est-ce que ça veut dire ? On vous l’explique ici, maintenant, tout de suite.

Un mythe de la caverne inversé

Vous quittez l’espace extérieur et prenant la première porte à droite vous entrez dans une grande pièce noire de 5 mètres sur 8 dirons-nous, haute sous plafond. Vous ne voyez d’abord rien, comme dans la cale d’un bateau à l’époque des Grandes Découvertes. Les sens vous reviennent et au fur et à mesure que vous marchez dans cette salle, votre corps devient protéiforme. Une musique vous parvient, des lumières aussi.

 

Un corps démultiplié

Vos mouvements prennent une seconde forme physique avec une projection de vous sur le mur. Vous découvrez ce spectre troublant qui est en fait votre corps vu par des rayons X, l’eau que contient ce dernier ou encore l’énergie qu’il consomme. Ces lumières abstraites prennent sens à travers vos références plus ou moins poussées en termes de sciences et d’imagerie. Une ombre tout à fait particulière pique votre curiosité et vous continuer d’errer entre les différentes possibilités envisagées par le collectif.

Vous continuez de marcher et une troisième forme s’impose : vos mouvements projetés sur ce mur-miroir deviennent aussi un son. Vos déplacements sont perçus par d’autres capteurs qui, programmés d’une manière bien spécifique par le collectif, créent une bande son unique. Des modulations synthétiques naissent alors de vos mouvements, votre banale marche devient œuvre d’art. On vous joint un extrait de la bande sonore passée pendant l’événement pour vous faire une petite idée.

Ascidiacea : une oeuvre sur mesure

Vous voyez et entendez donc votre corps tout en faisant évoluer ce décor visuel et sonore. Le nom du collectif prend alors tout son sens. A la frontière entre végétal et animal, l’ascidiacea est à proprement polymorphe. A l’image de cet animal s’adaptant à l’environnement où il évolue, Ascidiacea adapte ses créations à votre propre corps. S’adaptant à l’environnement, ici vos mouvements, elle en révèle toute la richesse et la raison d’être. Le spectateur connait alors un autre regard sur lui-même, à la manière des mobiles de Calder. L’œuvre est changeante suivant les conditions dans lesquelles elle est présentée, pour chaque spectateur naît une nouvelle représentation.

 

Pour en savoir plus au sujet de leurs prochains événements, voici leur site : http://ascidiacea.org/

 

Merci à Luce Terrasson pour le visuel de l’article.

Texte de Nils Savoye.

Son extrait de la performance du collectif Ascidiacea au Moforum (Mains d’Oeuvres).

 

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