[Des textes pour l’ARN #1] Le silo est un rêve

ARN Un silo dans le port de Rouen - Nelly Monnier et Eric Tabuchi

Depuis début novembre, les archives de l’Atlas des Régions Naturelles (ARN) sont disponibles sur internet. Il s’agit de milliers de photographies prises par Nelly Monnier et Eric Tabuchi sur les routes de France au cours des dix dernières années. Nous avons lancé un appel à contribution où on vous propose de choisir une photo, d’écrire, de trouver une musique et de nous envoyer le tout par mail. Voici la première contribution que nous avons reçue. Si vous souhaitez proposer la vôtre, envoyez-la à contact@lescamoteur.fr (plus d’informations ici).


Un été, celui de 2019 si je ne me trompe pas, on était en Avignon et il y a une photo – parmi mille – que je n’ai pas prise. On longeait le Rhône pour rentrer chez nous et au gré des routes entreprises on a croisé une ou deux fois une ancienne usine, peut-être une centrale nucléaire, qui m’a tapé dans l’œil. J’y avais pensé toute la semaine, m’en souviens encore, et malgré ça n’ai pas pu remettre la main sur le lieu pour l’immortaliser.

Quand j’ai demandé à Marie de me choisir au hasard une photo dans les archives de l’Atlas des Régions Naturelles, c’est à cette usine précise qu’elle a pensé. Ses souvenirs se sont reformés et parmi les plus de 150 filtres elle a sélectionné ceux qui lui correspondraient : Cours d’eau, Cercle et Silo.

C’eut été possible, mais elle ne l’a pas retrouvée.

Ce qu’elle a trouvé par contre, c’est un silo longeant la Seine et ma terre-mère : Rouen. Heureuse coïncidence n’est-il pas ? Chassez le naturel, il revient au galop dit-on. Je pense alors à L’Alchimiste de Paulo Coelho dont je ne me souviens pas grand-chose si ce n’est que le personnage fait toujours ce même rêve. Idyllique. Il trouve un jour, dans la vraie vie, l’image de son rêve. Il parle avec un autochtone qui lui dit avoir le même rêve sans avoir jamais trouvé l’endroit. L’heureux vainqueur – c’est un chic type dans mon souvenir – lui demande alors de décrire le lieu de son rêve. La description suit, et lui de s’estomaquer : son interlocuteur ne décrit rien d’autre que sa maison qu’il a quittée pour venir ici.

Alors non, l’issue de la parabole n’est pas que ma vie est rythmée par le plaisir de l’observation des silos à grain le long de cours d’eau. Enfin trouvez m’en une autre s’il vous plaît.


UN SON : This Is The Sea des Waterboys (1985), où la plus belles métaphore sur l’irrésistible force de l’eau.

UN TEXTE : Nils Savoye

UN VISUEL : Pour retrouver cette photographie dans les archives de l’ARN, filtrez comme Marie sur Silo, Ports, Cours d’eaux et vous devriez vous en sortir.

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