Roy Vision – Meander Lines, l’impossible article

Roy Vision par Marion Bonneau - Meander Lines

Ca a été dur d’en arriver là. En 2016, sur les berges de la Seine, je cherche à me faire financer la moitié d’un demi. J’imagine alors un système de cash contre jetons que je ne saurais expliquer aujourd’hui. Que je n’ai su expliquer à l’époque. J’étais sec et à sec.

Il se trouve que la première personne que je croise et à qui je propose mon plan d’enfer ne comprend pas non plus. Sa réponse est le don d’une pinte, contre quoi il me demande de lui raconter ma vie. C’était sans doute le dialogue, une chose est en tout cas sûr : c’était à Lucas Desmottes que je parlais aka Roy Vision.

Je lui raconte donc que je couvre le Macki Music Festival pour un webzine qui s’appelle Beware et que je suis étudiant en histoire. Lui me dit qu’il est ingénieur du son à TSF Jazz et qu’il fait du son à côté. Il fait un temps de merde bien évidemment mais il tient à rester pour le live de Playin’ 4 The City. Vous savez, ce groupe incroyable qui joue sa house en live avec des instrumentistes chauds chauds chauds : le fondateur Olivier Portal au clavier et Slikk Tim à la basse et au keytar. On reste donc et le concert est à la hauteur des promesses. Le public est peuplé de ceux qui bravent la pluie par passion – ce qui me réconforte toujours hors de ma natale Normandie.

En bon journaliste du dimanche je prends le Facebook de monsieur et lui dis de m’envoyer du son quand il y pensera. Il en ira de même pour un certain LAAKE, où l’article a aussi mis des années à sortir…

Je rentre chez moi et j’écris mon article sur le Macki. Le temps passe. Première bouteille à la mer. Lucas m’envoie du son comme promis mais par malheur je ne télécharge pas à temps le WeTransfer. Je suis une mauvaise mer. Chacun continue ses projets de son côté et je vois le Lucas prendre de l’ampleur sur les Internets. Le track Steel True que vous êtes sans doute en train d’écouter est joué par exemple à un festival londonien devant 4000 personnes. Ce genre de bails.

Il sort un mix intitulé Anticipated Rhythms and Meander Lines. Le titre est beau et il inspire. Je me dis que the time is right et qu’il s’agirait de grandir. Un illustrateur de L’Escamoteur se met sur le coup. Drôle de coïncidence, il connaît le Lucas pour l’avoir invité à l’Asile, sa colloc de Rosa Parks où il organise des soirées. C’était pour un concert de Moussa. C’était trop beau : l’illustrateur s’envole aux Antilles et c’est retour case départ.

Je relance la team, réfléchis de mon côté sur que dire… Une amie photographe a été happée par le titre du mix. Rythmes anticipés et lignes méandreuses : ça sonne moins bien en français mais c’est l’idée. Je la mets sur le coup, elle revient justement d’un séjour viennois et a quelques idées en tête de photos glanées dans les vestiges de l’empire austro-hongrois. C’est ce que vous voyez.

De mon côté, je vous raconte mon échec en mi-teinte en me disant que l’important est que vous écoutiez ces quatre titres de house chicagoan qui sonnent déjà comme des classiques. On sent la finesse de l’ingé son tout en restant porté par les basses et ému par les vocales. Prenez un casque, regardez la photo et dites merci à Lucas. Puis n’hésitez jamais à gratter une bière à un mec qui a l’air sympa – et inversement à l’offrir.

Roy Vision – Signature et crédits :

Un son : Meander Lines, le premier EP de Roy Vision (sa page Fb), est sorti en mars dernier chez Roots For Bloom (aux côtés entre autres de Jamie Trench et Mara Lakour). Quelques copies sont dispos chez Dizonord, Syncrophone et Betino’s.

Roy Vision clôt un EP à sortir sur le label Quintessentials, aux côtés de Marc Bianco, Effgee et Chelly K. Le son Walkin’ Tall est à écouter ici, l’EP à acheter .

Un texte : Nils Savoye, parce que parfois c’est important de savoir comment naissent les choses.

Un visuel : Marion Bonneau propose ici une superposition de la cage d’escalier du Wallgasse 25 et le carrelage du Kunsthistorisches Museum. Photographies toutes deux prises à Vienne, Autriche, avec une pellicule Rollei RPX 400 35mm.

Pour aller plus loin, toujours plus loin : Constance nous racontait un autre pan de sa vie dans le RER, cette fois en parallèle au géant Raymond Queneau.

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