Pete The Monkey et la Normandie.
Son temps changeant qui rend si beau le soleil après la pluie,
Ses rouleaux d’un vert improbable qui dépasse rarement les 20 Celsius,
Ses galets dominés par les falaises menaçant de s’effondrer à tout moment,
Le vert de ses grasses prairies mangées amoureusement par les avides vaches,
Le vent qui bat ses pommiers centenaires et cidrant,
Sa rosée rendant invisible le gibier traversant ses allées.
C’est là, oui, là que se tient stratégiquement Pete The Monkey. Une programmation qui casse la baraque pour un lieu qui en fait tout autant. Des scènes ont pour épicentre d’antiques arbres, on y écoute les artistes allongé dans la paille, en fin de soirée on tape du pied le sol d’une grange. On vous propose de nous suivre scène par scène dans un itinéraire fictif et éclaté dans le temps à travers cet aérien festival.
Amphi, cours de danse au coin du chêne
Un soir, Isaac Delusion séduit les badots du main stage. On a décidé de fuir la foule pour découvrir un peu ce qu’offraient les challengers. Les sets sont longs à Pete The Monkey. Un concert d’une heure et demi permet de bien entrer dans toutes les facettes d’un groupe et de faire des allers-retours vers d’autres scènes ou, de manière plus triviale, le bar. On voit passer Black Bones et ça se passe plutôt bien. Cette électropop s’habille de chapeaux mexicains et lumières ultra-violet. Ça se passe pas trop mal puis minuit passe et une amie tape sur mon épaule. Classique : elle propose qu’on s’en aille, et à cet instant t la musique passe du pesant au feu qui ne tarde pas à titiller nos mollets. C’est parti, la mayonnaise a pris. Le groupe a changé : Tshegue nous inonde d’afropunk. Ca tape un peu plus avec des percussions africanisantes et une chanteuse qui met le feu. Il y a de la place sur les lattes du dancefloor et l’espace est occupé en dansant comme des crabes.
Villejuif Underground le soleil dans la tronche
Il regarde vers la mer, les yeux plissés. Il ne peut la voir, obstruée qu’elle est par ces arbres dont on vous parlait. En tenant visiblement une bonne, le sosie de Roger Daltrey (le chanteur des Who) soutient ses copains d’une voix qui tient de Carl Barat (les Libertines cette fois-ci). On est dans le rock bien vrai. Formation classique ponctuée d’un synthé psyché, avec au compteur un EP sorti chez Bord Bad Records, maison-disquaire qui plaît aux porteurs de cuir. Mi frenchie mi english – vous l’aurez compris au nom du groupe – leurs litanies agrémentent magnifiquement bien cette fin d’après-midi normande. D’ailleurs, l’après-midi, commencement ou continuation des dérives singières ? C’est le questionnement du weekend.
Camion Bazar, souk international
Lumière du soleil en extinction et aperçu d’une Italienne sexy à l’autre bout du dancefloor. Elle déhanche ses épaules au rythme de la musique africanisante du Camion Bazar. C’est vraisemblablement Gramophiles aux platines, c’est vraisemblablement Black Woman qui rythme ses belles épaules. Ce pourrait tout aussi bien être, mais plus tard dans la nuit, le génial Déni Shain du label Analog Africa. On entendait alors ce dialogue :
– Tu trouves pas qu’il fait sombre ici ?
– Non, regarde bien, tu vois pas les filles ?
Je vous passe les détails mais voilà ce que la Normandie fait de nous, pauvres pécheurs : des poètes et des muses. Mais constatez plutôt ce qui se dit aux abords de trois heures du tam à l’écoute d’un track acide : « Ce son, la première fois que je l’ai entendu, c’était à dix-huit ans en matant un porno russe. »
Pete The Monkey : tours et détours dans le décor
Une part de mystère doit demeurer mais que dire par ailleurs de cette buvette le long de la plage où il fait bon reboire la première bière de la journée aux alentours de 15 heures ? Les courageux baigneurs s’y rendent pour réclamer leur récompense, d’autres regardent les gens du village jouer à la pétanque en commentant avec enthousiasme. Si l’on remonte un peu dans le temps, on voit des stratégies se mettre en place sur le rural parking afin de faire entrer des boissons non autorisées. Ailleurs encore, on observe des passants oubliant leur figure maquillée tenter de parler sérieusement à leurs destinataire. On distingue plusieurs espaces temps où certains, encore sous le feu de leurs projecteurs internes, dansent déchaînés à l’heure du goûter tandis que leurs voisins peinent à se réveiller.
Bref, c’est là que nous avons ri, dansé, bu, dessiné et écrit sur des carnets de poche. C’est là qu’on vous souhaite de vivre les mêmes expériences.
Anne Cécile Kovalevsky aka KOVA nous a fait l’honneur de dessiner sur ses beaux carnets – un tout grand merci. Suivez-la sur son magnifique instagram -> KOVAVIEW
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Dessins bonus ci-dessous.
Nils Savoye a écrit et réalisé la playlist.