Chatouillé par le vent chaud de cette nuit argenté, une fourmi rouge se confond au coton.
La lumière des astres dépose de fines particules sur la pellicule.
Le silence de la nuit me donne la chair de poule. Mon visage s’éteint peu à peu et je me rappelle cet après-midi de nos vacances. Je me laisse porter jusqu’aux chemins escarpés de cette longue journée.
Nous marchons plus d’une heure entre forêt fraiche et champs brûlés par le soleil. L’herbe craquelle sous mes pieds. Je marche pieds nus un moment, puis cela me devient déplaisant.
Enfin un cours d’eau. Il est calme. Nous y pénétrons. Les algues dansent à la surface de l’eau. Nos atomes s’entrechoques et les algues remuent de plus belle.
Une fois dans l’eau, j’aperçois un saule pleureur. Il est fier, or, il se confond aux pousses d’un iris jaune vif qui sollicite mon odorat. La lumière se laisse choir sur ses pétales et le reste de la végétation cesse alors d’exister.
Les oiseaux chantent mais je ne les écoute pas. Des araignées d’eau gigotent autour de moi sans se soucier de ma présence. De minuscules poissons transparents se jouent du mouvement de mes jambes, se laissant emporter par le courant.
La vase s’immisce entre mes orteils. Je m’en détache et me laisse porter. Moi qui pensais déranger, je ne fais plus qu’un avec ce qui m’entoure. Mon corps se laisse fondre tel un sucre dans une tasse de thé, chauffé par les rayons du soleil.
Une légère brise m’effleure le visage. Ma serviette tombe à l’eau.
UN SON : Moondog, véritable virtuose, a consacré l’entièreté de sa vie à son art. Lorsqu’un explosif lui ôta la vue à 16 ans il apprit une multitude d’instruments. Il commença par jouer dans les rues de Manhattan et deviendra peu à peu une figure de la 6ème avenue.
UN TEXTE : Esteban Davoux écrit une première carte postale qui donne un urgent besoin d’été.
UN VISUEL : Photographie numérique prise par Esteban, Olympus, 50 mm focale fixe, f/1.8