Joey Starr. Vous connaissez le rappeur, vous avez vu Polisse, vous kiffez ses dents d’or. Joey Starr, il danse dans Polisse. Il danse sur le superbe Stand On The Word, dans la boîte de nuit. Il est beau avec cet air de gospel. Carrière tardive, le rappeur revient à ses sources quand il passe au cinéma. Ses sources ? Joey Starr naît par la danse, grandit par le graphe et s’affirme sur scène.
Didier danseur vénitien
Originaire de Saint-Denis il se balade un jour dans le Trocadéro des années 90 où des bboys breakent. Comprendre ici : des gars venus des States dansent sur du hip hop. Joey est témoin d’un truc nouveau qui le fascine. Pensez à ces lyrics des ennemis IAM : « J’entre et je tombe sur la télé, qu’est-ce que c’est que ces mecs qui font des roulés-boulés ? » A la surprise suit la fascination.
Il s’y met avec son crew. Comme ils jouent à se fritter avec les autres, leur identité est changeante pour être inrepérable – irréparable ? Parmi leurs noms éphémères, on trouve… Ozone. C’est comme ça qu’il rencontre Bruno alias Kool Shen. Les gars dansent sur un rouleau de lino qu’ils trimbalent avec eux. Joey n’a même pas dix-huit ans qu’il se fait emmener au carnaval de Venise pour danser.
Puis, il passe au graphe. Cette histoire, ceux qui ont écouté leur troisième album la connaissent. C’est Paris sous les bombes. Pas les bombes des années 40, celles de Joey et ses acolytes sous acide.
Joey Starr lâcheur de bombes
Il signe au début Kate67 puis se cherche un blase plus en accord avec sa virilité. Didier Morville opte alors pour Joey, nom commun donné au nègre de maison dans l’Amérique esclavagiste et qui nous rappellerait le grand Django. Cette culture du graphe, qui dépasse les limites en voulant par exemple poser sa marque à des endroits improbables, est aussi celle de l’égotrip. On accole un superlatif au blase d’origine. Joey se fait Joey Starr.
« Joey est un nègre de maison, il va devenir une étoile. Ca se passe dans sa tête.
Je mets deux « r » à starr. Deux « r », comme dans Ringard Récidiviste ou
Ringard Récalcitrant ou Regarde le Renoi. »
Le début d’un grand nom ! Joey gobe régulièrement des acides et ayant les clés du métro il y va pour taguer. Joey, en plus de danser, est maintenant grapheur. Et ça dure un chouïa car au début il a un credo bien établi : faire du rap en français ne sert à rien, les Américains le font mieux !
Jusqu’au jour où… Joey Starr et Kool Shen croisent un gars dans le métro qui leur prend la tête. Ce dernier établit une hiérarchie dans l’art de rue et place le rap à son sommet. Alors, il minimise le rôle des deux badauds : grapher et danser c’est basique. Par orgueil, ils vont s’y mettre à leur tour. La suite, vous la connaissez et vous êtes en train de l’écouter. Des artistes transversaux.
Signature et crédits :
Le son et le texte : Nils Savoye
Le visuel : Tout grand merci à Marie Casaÿs pour son illustration tirée de la première photo de presse de NTM.