Julie Savoye nous convie à venir faire de la céramique chez Charlotte Jankowski dans le dix-neuvième arrondissement : il faut absolument qu’on la rencontre et on décide que ce sera un lundi soir. L’atelier où l’on pénètre timidement, c’est aussi le rez-de-chaussée de la maison de Charlotte, qui est toute en hauteur. Le bol qu’elle prend pour y mettre les olives aux amandes que nous avons apportées, c’est aussi un bol qu’elle a confectionné de ses mains, et qu’elle a attrapé dans un des rayonnages métalliques qui bordent les murs de la salle. Ces racks croulent sous les pièces, petites et grandes, de tous ceux qui ont eu la chance de venir créer. Car, la maison-atelier de Charlotte, c’est aussi la maison de « Petit Feu ».
« Petit Feu », ou l’atelier-maison
« Petit Feu » c’est l’association que Charlotte a créée avec Hyewon Kim et Linda Branco en 2019, qui réunit aujourd’hui une trentaine d’artistes autour de la céramique. L’idée c’est de construire un réseau sensible, un groupe de travail certes, mais avec des artistes qu’on aime et qu’on admire, et avec qui on souhaite créer au coude-à-coude, avec les mains dans l’argile au même moment, autour de la même tablée.
Donc « Petit Feu » c’est comme une grande famille, où l’âtre continue de brûler dans la demeure de Charlotte : chacun vient à sa guise, faire de ses mains, sur la table de potier qui se confond presque avec une cuisine. Leur ligne directrice : créer des petits objets utiles, comme des bijoux ou des pierres précieuses que l’on veut garder près du cœur, des pièces qui se placent entre la petite sculpture et l’objet du quotidien. « La taille dans le détail », nous dit Charlotte. Il faut l’entendre parler Charlotte, avec ses yeux qui mangent le monde et son débit à grande vitesse qui trahit son enthousiasme et sa générosité. Elle déborde de projets pour sa communauté et c’est d’ailleurs de ça dont elle veut nous parler : son balcon comme un nouveau lieu de performance.
La colonisation de l’art dans la maison
Parce qu’en arrivant, on est certes au rez-de-chaussée mais c’est en prenant l’escalier qu’elle va chercher une carafe pour nous désaltérer. D’en bas, on l’aperçoit trôner depuis la mezzanine, son nouveau bureau. Car oui, Charlotte voulait mettre de l’ordre, elle a donc cassé un début de mur pour faire entrer la lumière dans ce petit coin de l’appartement. Quelques temps plus tard, les travaux toujours en cours, elle a donné une fête et s’est rendue compte que l’endroit méritait bien plus qu’un bureau.
« On dirait un bateau cette mezzanine » nous confie-t-elle, avec cap sur le four à céramique ajouterons-nous. L’idée mûrit petit à petit alors. Sans doute pendant cette soirée, sauf que les projets, même nocturnes, Charlotte elle ne les oublie pas – comme dirait un certain Sentenza. Armée des membres de Petit Feu, elle réfléchit à comment monter d’un degré et se dit que ce bateau sera celui d’expositions. Tout comme ses plantes grimpantes subissent la gravité en partant du premier pour toucher le sol du rez-de-chaussée, là c’est l’art qui habite le rez-de-chaussée qui va infuser vers le haut de sa maison.
On parie ? Charlotte nous l’a dit, et si elle l’a dit c’est que cela adviendra : le 2 juillet, une certaine Nastassia prévoit une performance inauguratrice pour ancrer ce bateau dans le monde de l’art. Petit Feu prend de l’ampleur, et les brasiers de se multiplier.
Pour savoir ce qu’il en est, n’hésitez pas à suivre La Mezza Nine sur Instagram.
UN SON : Stairway To Heaven par The Zenmen, sur leur album Enter The Zenmen sorti en avril chez Music From Memory.
UN TEXTE : Marie Lacroix & Nils Savoye
UN VISUEL : Photographies argentiques de Nils Savoye
