A moins que vous n’ayez passez les dernières semaines dans une grotte en Laponie, vous n’êtes sans doute pas passé à coté de l’info du moment : pandémie, confinement, crise mondiale et tout le tralala.
Alors bien sûr j’en connais qui sont tranquilles dans leurs maisons de campagne mais pour moi c’est retour brutal de Londres – où j’avais déménagé depuis 6 mois – dans le petit appartement de ma mère à Paris. Et au bout de 20 jours on se rend vraiment compte à quel point le temps et l’espace n’ont plus de sens. J’ai le sentiment de vivre le même jour, étiré à l’infini. Les heures passent à la fois lentement et super vite. Je ne sais jamais quel jour de la semaine on est. Bien sûr chaque jour a quelques différences avec la veille mais comme le temps n’a plus de sens on peut avoir le sentiment que c’était dans la même journée. Personnellement je ne dors plus la nuit ; j’avais déjà des troubles du sommeil avant alors avec le monde au bord de l’implosion j’avoue que ça aide pas. Du coup faut bien meubler la nuit, et vu que j’ai des difficultés à lire parce que mon cerveau tourne trop, bien obligée de se coller devant un écran. Résultat on est au 21e jour et j’ai quasiment fini la 7eme et ultime saison de Buffy contre les vampires. La nuit je plonge avec elle dans les rues de Sunnydale et sachant qu’ils font face à l’apocalypse tous les deux épisodes j’avoue que ça calme. Plus sérieusement la fiction c’est ce que je recommande le plus en ce moment, notre réalité étant elle-même en train de basculer dans un épisode de Black Mirror très flippant. Je trouve que bouffer du fictionnel aide bizarrement à se rassurer.
Pour ne rien gâcher, il fait un temps incroyable. Et on sait pas vraiment si c’est cool parce que ça met de bonne humeur ou si c’est juste rageant parce qu’on peut pas sortir en profiter. J’ai installé une sorte de balcon de fortune sur ma fenêtre pour profiter des 2h par jour où mon immeuble est exposé au soleil. Mes voisins d’en face font pareil mais on se relaie, quand ils n’ont plus de soleil, je le récupère. Parfois on se parle de choses et d’autres à travers la rue. Le ton est mi compatissant mi amical mi dépressif. C’est très étrange. J’ai l’impression qu’on est punis. Comme si le monde entier était un gamin insupportable qu’on a enfermé dans sa chambre jusqu’à nouvel ordre. Heureusement que y’a la wifi dans la chambre quoi.
Un son : La Rue de Cortex, groupe fondé entre autres par Alain Mion toujours actif quand on le cherche bien… L’histoire voudrait que ce soit sa nièce qui ait découvert dans les années 90 qu’il avait été samplé par bons nombres de rapeurs dont Rick Ross et Madlib, lui permettant d’empocher un joli pactole. Une interview intéressant à son sujet est dispo sur le site 10point15.
Un texte : Léonore Deius
Un visuel : Léonore Deius