Un été entre deux. Une cigarette après quelques emballages de cartons. Un lieu pas encore à soi.
On s’interroge à propos de qui se trouve sur les photos. On se dit qu’attention, il faut plier les genoux en portant les choses lourdes. On se demande si on veut garder la cafetière, ce que l’on va faire de l’intégrale Nabokov. On se dit que ça ne passera jamais dans la cage d’escalier. On achète du vin pour les copains qui nous ont aidés avec les gros meubles.
Nous tâtonnerons encore un peu à se faire à l’espace, à trouver où sont rangées les assiettes creuses, à essayer de faire fonctionner la nouvelle machine à laver. Nous ne nous souviendrons pas avec exactitude de l’appartement que nous habitions. Nous nous recréerons des souvenirs communs ici.
Ne pas dessiner. Ne pas fabriquer, ne pas créer. Ne rien faire d’autre que trier. Donner à Emmaüs les émotions d’avant, empaqueter celles qui nous plaisent. Apprécier avoir fini ses études. Commencer une autre vie, déménager émotionnellement. Profiter de cet espace de paix où l’avant est fini et l’après n’a pas encore commencé.
Ne pas avoir trop peur. Prendre du temps pour souffler.
En septembre je serai adulte.
UN SON : Gracias A La Vida est un titre initialement chanté par la Chilienne Violeta Parra, en 1967. Quatre ans plus tard, l’Argentine Mercedes Sosa sort un album de reprises en hommage à Violeta. Ce dernier contribuera à la diffusion du morceau, qui est un des plus repris du folklore chilien depuis. S’y sont essayé des Joan Baez, Elis Regina, ou encore Colette Magny.
UN TEXTE : Lucile Fauchier nous racontait son déménagement
UN VISUEL : Lucile Fauchier
Lucile dit qu’elle s’est empêchée de créer cet été mais on se permet une petite parenthèse : elle a maintenant un compte Etsy où vous pouvez retrouver à la vente notamment des illustrations d’articles parus sur L’Escamoteur. N’hésitez pas à y faire un tour, les prix y sont doux.
