Camilla Sparksss entre noir et blanc

Camilla Sparksss par Nils Savoye

Il y a des scènes que j’ai envie de voir en noir et blanc, comme pour les dénuer de toute fioriture et les vivre « brutes ». C’est le cas du live de Camilla Sparksss quand elle débarque à l’Atelier 210 de Bruxelles pour jouer son album Brutal.

Une douche blanche inonde sa chevelure dont l’ombre est projetée sur deux platines Technics. Elle joue littéralement son album, en live. Contrairement à tout DJ qui serait venu avec sa large sélection, elle a deux White Labels. Entendez par là qu’elle est elle-même dans le noir et blanc : le vinyle est bien sûr noir tandis que son macaron central a la pureté du blanc. N’y sont gravés qu’une partie des sons sur lesquels elle va chanter et jouer de son clavier.

Elle place le diamant dans son sillon, règle les graves et aigus et commence donc à chanter. Le mur d’enceinte est proche et la musique nous envahis.  On est venus au hasard et tout nous déconcerte. Après trois titres noirs où elle vogue entre les platines et le clavier, désireuse de concrétiser le quatrième mur qui nous sépare, elle finit par revenir au blanc en nous parlant chaleureusement.

Elle se présente : bassiste du groupe de Peter Kernell qui clôturera la soirée. Elle a bien conscience de la violence de ce qu’elle nous propose mais c’est ce qu’elle veut exprimer à travers ce projet sous forme de défouloir.

So What

Ce live, c’était le 30 septembre 2021. Pourquoi vous en parler deux mois plus tard ? D’une, et ça tombe bien, parce que Camilla est toujours en tournée, qui plus est en France. De deux, parce qu’avec l’argentique il y a toujours le temps de développement des films.

De trois, parce que mes deux derniers mois ont été placés sous le signe de So What. Cette musique serait comme le microcosme de Camilla Sparksss : une ligne de basse inaugurale qui présage de toute la violence enfermée dans sa musique. Ce « So What » est bien moins accommodant que celui de Miles Davis. C’est plutôt celui d’un regard légèrement méprisant, de défi tout du moins alors même qu’il introduit mort et amour.

S’ajoutent à 0:47 les percussions à la Fool’s Gold qui révèlent tout le potentiel dansant ; la voix qui de confidence déraille parfois comme si on sentait déjà qu’il y a anguille sous roche. Les nappes successives qui viennent rajouter du chaos, comme un infini aller-retour entre noir et blanc mourant dans un écho mélodieux rappelant que ce mirage trop court, on a déjà envie de le réécouter.


UN SON : So What de Camilla Sparksss et tout l’album Brutal paru chez On The Camper Records en 2019.

UN TEXTE : Nils Savoye.

UN VISUEL : Photographie de Nils Savoye prise à l’Atelier 210 lors du live de Camilla Sparksss en septembre 2021.

Et pour toutes les dates à venir, voyez ci-dessous. Si vous êtes dans le coin de Limoges le 10 décembre vous aurez la chance de voir Camilla mais aussi Peter Kernell et Tam Bor, projet d’un des deux batteurs du groupe.

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