La virga, c’est ça, la pluie qui tombe sans toucher le sol, la pluie qui ensemence les nuages.
Et puis là, Clap, clip, clap puis clip, clap, clip, clap.
Ça y est j’entends les gouttes qui touchent le sol. A en juger par le filet de lumière qui transperce mes rideaux, je me dis qu’il n’est pas loin de l’heure de me lever. Mais je n’entends pas encore de bruit à l’étage du dessous. La maison est paisible.
Je décide donc de me lever pour profiter du calme avant que tout le monde s’agite à ses tâches journalières. J’enfile mon chandail et saute dans mes sabots. Le contact de mes pieds chauds avec le froid du bois me fait frissonner. Descendant les escaliers, je tente de faire le moins de bruit possible. Arrivant dans la cuisine, je me rends compte qu’il reste quelques braises dans la cheminée. J’imagine que c’est Maman qui a dû en remettre pendant la nuit. Elle a l’habitude, à la fois fâcheuse et tendre, de se réveiller au milieu de la nuit pour être certaine que nous allons tou.te.s bien. J’attise donc les braises, remets un peu de petit bois, souffle avec le bouffadou et hop les flammes jaillissent. A ce moment-là, j’entends la porte de la cuisine qui s’ouvre, c’est mon frère Bruce. C’est lui qui se lève toujours le premier d’habitude car il s’occupe de nourrir les animaux.
Les animaux, parlons-en. Il y a Biquette et Biquotte les deux chèvres, nos six vaches laitières Marguerite 1, Marguerite 2, Marguerite 3, Marguerite 4 et Marguerite 5. Oui, nous avons fait dans l’originalité.
Ensuite, dans la basse-cour, il y a les poules, les dindons, les oies. Il y a aussi les canards qui barbotent dans la mare. Vous connaissez la suite.
Moi, mon domaine, ce sont les chevaux. Nous avons deux doubles pone.y.tte, Amar et Orient. Quand je n’ai pas cours, je m’occupe de faire leur boxe et de les nourrir. Le matin c’est une botte de foin et une cuillère de granulé chacun.e.
J’aime prendre le petit déjeuner avec Bruce. De trois ans mon aîné, nous avons toujours été assez proches. Petit.e.s nous jouions ensemble pendant des heures dans le jardin à l’ombre du grand saule et, maintenant que nous avons grandi, il est mon confident. Ses conseils sont toujours avisés et éclairés. Il ne voit pas le monde tout noir ou tout blanc et c’est cette vision tout en nuance qui m’inspire. Mais ce ne sont pas des nuances de gris mais un arc-en-ciel où chaque émotion, chaque rencontre correspond à une couleur. Je chéris ces moments privilégiés que nous partageons parfois au petit matin avant que la ferveur de la journée nous aspire chacun.e à nos tâches et à nos préoccupations quotidiennes.
Ça y est, j’entends du bruit à l’étage, signe du réveil de nos parents et de la fin de ce moment suspendu.
ESCADAVRES EXQUIS. Définition : Des œuvres à six mains qui mélangent illustration, récit et hasard.
II – Le texte :
Le premier rédacteur A rédige un texte. Il transmet sa dernière phrase au rédacteur B. B doit continuer le texte de A. Cette étape peut se répéter à l’infini.
I – Le dessin :
Une personne A’ reçoit les texte A+B. Il doit imaginer un dessin qui illustrerait les deux textes. Il envoie le quart droit de son dessin à B’. B’ reçoit un quart droit de dessin, et les texte B+C.
Un matin paisible. Le deuxième épisode intitulé La pluie s’est arrêtée de tomber à trois centimètres du sol, finissait par une phrase de Pierre-Yves Liberatore que vous trouvez en gras au début de ce texte. Ici, le texte est prolongé par Albane Pedone La partie gauche du visuel est de Marion Bonneau. Pour la partie droite c’est Matthieu Gobrecht.
La suite, qui repart du visuel de Matthieu et de la dernière phrase de ce texte (en gras ci-dessus), est à découvrir dans le quatrième épisode. Il y en a Cinq en tout, qui forment une boucle.