La Jimi. On vient à ce festival pour voir nos chouchous Cannibale. Puis, un peu comme une sorte de treize à la douzaine, on se retrouve avec Vaudou Game en prime, aux côtés d’autres artistes inconnus à notre bataillon comme Kristel qui ouvre le tout avec un rock malgache solide et efficace. Sortis toute la semaine, on s’est endormis dans le métro qui reliait le taf au festival et le réveil est difficile. Vaudou Game nous a subjugués par leur musique tout autant que leur présence scénique. Mais lisez plutôt.
Odeur = ambiance
De Vaudou Game, vous connaissez sans doute Pas Contente ou encore La Vie C’est Bon. Un premier « non » se substitue souvent à un « ah ouiiiii » quand on en entonne l’air mais on vous passera cette étape. Retenez que sur des rythmiques africanisantes on saute du funk à l’afrobeat avec comme décor des musiciens irrémédiablement en chemise blanche, excepté le chanteur dont le torse est parsemé de cauris. Il les porte en croix, comme certains porteraient les cartouches de leur arme mais c’est ici un message de paix qu’il nous offre.
En effet, deux-trois titres se succèdent et pour l’instant on ne l’a entendu que chanter. Il interrompt la parade et nous invective : « L’odeur de cette salle doit changer. Parce que là ça sent un peu le Gucci, le Chanel… ». On a saisi l’idée, le réveil s’opère et les pas suivent la rythmique des cuivres et percussions. C’est à ce moment qu’on s’interroge en catimini : « Est-ce qu’une guitare ce serait pas finalement une gâterie ? »
Vaudou Game, comme une samba triste ?
Les discours sont multiples. Toute une tirade vient rendre hommage au vaudou et à l’idée qu’il ne faut pas le réduire à une forme de magie noire sinon à un dialogue avec la nature, un remerciement de ce qu’elle nous offre. Fort d’un story telling souhaitant inclure son public, il dit : « la bière que tu bois, elle ne vient pas du supermarché non, elle vient de la Terre. » (Oui, il l’a prononcé avec une majuscule).
Mais pourquoi samba triste dans ce cas ? Parce qu’on a tendance à associer des paroles chatoyantes à un rythme qui l’est. Parce que Michel Fugain quand il chante Fais Comme L’oiseau reprend en fait une samba triste ayant pour refrain « Tu m’as abusée, Tu as tiré parti de moi », parlant de défaites amoureuses plutôt que de rêves naturalistes.
La même impression s’impose à nos oreilles quand le même chanteur demande au public de répéter un refrain après lui : « Tata est fatiguée, elle travaille tous les jours pour gagner la misère ». Car oui, Vaudou Game évoque l’anniversaire de la belle-doche, la joie de la vie ou encore un désaccord de bon sens avec quelques frasques contemporaines… Mais que dit-on quand on chante cette tata qui travaille abondamment pour ne rien gagner ? On dit qu’on peut parler de tous les thèmes en dansant.
Crédits
Le son : Tata Fatiguée de Vaudou Game est sorti en octobre 2018 sur leur album Otodi, chez Hot Casa Records
Le texte : Nils Savoye
Le visuel : Pepper est illustratrice et croqueuse itinérante. Elle a réalisé plusieurs reportages dessinés et notamment à Europavox ou au Jazz dans le Bocage. Et elle aime croquer les concerts.