[EXPOSITION] Audrey Perzo au Pavillon de Pantin

Audrey Perzo, 88, 2019, Papiers découpés, 18 x 13 cm

Vous pourrez voir les œuvres de Audrey Perzo du 17 janvier au 07 février au Pavillon de Pantin. Son exposition, intitulée Trouble Quincaillerie, a piqué la curiosité de Marie Lacroix qui a décidé de s’entretenir avec elle pour écrire ce texte. Elle y évoque la quincaillerie de sa grand-mère, l’occupation de l’espace ainsi que la porosité des frontières dans la mémoire et l’art.

Audrey Perzo est plasticienne : elle recompose un lieu en y greffant ses oeuvres d’art, en peignant à même les murs, en se le réappropriant. Elle travaillait avec le tissu, pour sa malléabilité et sa légèreté, elle s’intéresse maintenant au verre, pour sa transparence et sa fragilité. Aujourd’hui cette pièce du Pavillon devient sa « Trouble Quincaillerie ».

Du dehors au dedans : reconstruire l’équilibre

Les formes et les couleurs qu’elle appose sur les plaques de verre sont inspirées du réel. Elle les trouve dans la forme que prend une pierre sur un mur, dans les cristaux de glace d’un étalage de poissons, dans les marquages au sol d’un entrepôt de camping-cars. Les touches de couleurs qu’elle perçoit dans le quotidien, elle tâche de les mélanger pour créer la toile de son nouvel espace. En superposant et en emboîtant ces vitres colorées, en jouant sur la transparence et les reflets qu’elles projettent les unes sur les autres, en les orientant de toutes parts, elle trouve comment les associer pour créer un dedans grâce au dehors.

Cet espace, Audrey l’a ré-agencé pour qu’il soit aussi harmonieux que fragile. Harmonieux car tout y a une place déterminée afin de saisir l’équilibre du lieu. Fragile parce que dépendant de ces vitres posées sur le sol, tenues seulement par des cales en ébène. Harmonieux par sa fragilité donc, où l’équilibre tient à un fil. Ainsi, le lieu tout entier se fait oeuvre d’art dans laquelle le spectateur peut évoluer, participant à le faire respirer d’une façon particulière.

Du souvenir à l’oeuvre : une fenêtre ouverte sur l’imaginaire

Ce dedans est d’abord créé à partir de l’espace en lui-même : Audrey transpose les fenêtres et les portes de l’espace originel en oeuvres, offrant autant d’ouvertures sur un ailleurs. Vous voilà donc dans un nouvel espace aux reliefs insolites, comme un double du lieu vu à travers des verres déformants, à la croisée entre le rêve et le souvenir.

Car c’est bien du souvenir qu’Audrey puise sa sensibilité : elle se remémore la quincaillerie de sa grand-mère, la Maison Ohier. Le fait qu’Audrey rebâtisse un lieu pour le nommer « Trouble Quincaillerie » renvoie directement à l’utilité même du magasin, lieu de prédilection du bricoleur en quête de reconstruction. La peinture qu’elle utilise pour recomposer le Pavillon provient d’ailleurs directement de cette quincaillerie : la voilà reconstituant ses réminiscences. Cette oeuvre d’art rend palpable la mémoire même, permettant un accès physique à son espace mental. C’est une fusion entre le regard qu’elle pose sur l’espace qui l’accueille, ici le Pavillon, et celui qu’elle porte sur les espaces passés et présents de sa mémoire. Ce « Trouble » qu’elle instille dans son oeuvre devient une façon de laisser la place à l’imagination du visiteur, qui vient pour un temps se lover dans ce lieu et laisser parler sa sensibilité.

Aussi, Audrey révèle une intelligence sensible des endroits qu’elle traverse et qui pavent sa mémoire en aménageant son espace mental dans un espace intérieur, qu’elle livre désormais à un regard neuf. Bienvenue dans cette aventure des sens.


Un son : Ageispolis de Aphex Twin, sur sa tout première sortie physique en 1992 [Selected Ambient Works 85-92].

Un texte : Marie Lacroix

Un visuel : Audrey Perzo, 88, 2019, Papiers découpés, 18 x 13 cm

Retrouvez-la sur son site et/ou Instagram.

Un lieu : l’exposition se tiendra donc au Pavillon, 18 rue du Congo à Pantin. Pour vous tenir informé.e.s de ce qu’il s’y passe, on vous invite à vous rendre sur la page du Conservatoire de Pantin.

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